Le 7 mai 2021

 Portait de Céline Vesnoc, apicultrice récoltante de miels du Gâtinais depuis 14 ans à Lorris, elle nous présente son parcours et son métier en lien constant avec les abeilles et la nature.

Ruches de Céline Vesnoc

Pouvez-vous vous présenter et nous en dire un peu plus sur votre métier d’apicultrice ?

Je suis Céline Vesnoc, j’ai 46 ans, je suis dans le métier de l’apiculture depuis 14 ans cette année. Le métier d’apiculture, est un métier assez physique parce qu’on porte tout avec nos petits bras, mais cela mis à part c’est aussi un métier où on est plongé dans la plénitude et zénitude. Il faut être zen, parce qu’avec les abeilles, si on s’énerve tout de suite, elles ont du répondant et on se fait piquer. Du coup, les personnes qui sont un peu stressées peuvent venir élever des abeilles, elles vont déstresser assez rapidement !

Quel a été votre parcours ?

J’ai démarré en tant qu’horticultrice. J’ai eu un CAP horticole pour tout ce qui est les plantes à massif, donc j’ai appris à semer les plantes, les fleurs. De là, je suis partie sur la région parisienne pour faire un CAP fleuriste. Après, j’ai continué dans le fleurissement de palace sur la région parisienne. Au fur à mesure des années, le métier de fleuriste changeait. Il s’est ouvert beaucoup plus de magasins de vente de fleurs que de fleuristes de base avec vraiment le CAP, le BAC, le BTS et tout ça. C’était beaucoup plus de marchands de fleurs que de fleuristes vraiment diplômés. Avec ce changement, mon âge avancé (rires), les prix et les aléas des transports parisiens, j’ai eu envie de quitter la région parisienne et de me mettre à mon compte. J’avais envie de revenir aux sources, sur Lorris, de revenir en campagne et être plus tranquille. C’est de là où j’ai commencé à reprendre l’activité de mon père qui était apiculteur amateur et je l’ai transformé en activité professionnelle. Ce qui implique d’avoir plus de ruches et du matériel plus adapté parce qu’il y a beaucoup plus de manipulation à faire. Je me suis formée avec mon père, mais aussi en lisant beaucoup, en regardant des vidéos et en rencontrant d’autres apiculteurs. Puis j’ai surtout suivi mon instinct ! Parfois, c’était bien, d’autres fois non, mais c’est comme ça qu’on apprend le mieux. Là, je repars bientôt en stage chez un professionnel qui a beaucoup plus de ruches que moi, pour apprendre de nouvelles techniques, voir comment il travaille parce que selon le nombre de ruches, la méthode de travail n’est pas du tout la même façon et on ne fait pas les mêmes récoltes.

Vous avez combien de ruches actuellement ?

J’ai 70 ruches et par la suite je serais à 100 ruches.

Est-ce que vous avez une journée type ?

Dans l’apiculture, on va plus parler des saisons, ce n’est pas vraiment une journée type. Il y a vraiment trois/quatre saisons : le printemps l’été et un peu l’automne même si l’automne, c’est vraiment très peu, c’est jusqu’au mois d’octobre maximum. Au printemps, c’est là où on fait la visite des abeilles qui ont passé l’hiver. On va voir comment les colonies se sont maintenues pendant l’hiver. On les prépare pour leurs premières récoltes. En général, les premières récoltes se font fin mai si tout va bien. On dépend toujours de la météo donc on ne peut pas dire à telle date, on fait la récolte. C’est en fonction de tout ce qui s’est passé, du temps, de la température, surtout pour le miel de printemps qui est le plus difficile à récolter de l’année. En effet s’il fait froid le matin est chaud l’après-midi, il se cristallise directement dans la ruche donc on ne peut pas l’extraire. La fenêtre de récolte peut être également assez courte pour ce miel car l’été arrive juste après, avec le floraison de l’acacia et du châtaignier, qui eux donnent des miels un peu plus liquides. Il faut être très attentif pour éviter que tout se mélange. C’est pour ça que chaque année, on ne peut pas dire qu’on va sortir telle quantité de miel de printemps, telle quantité de miel de châtaignier. Chaque année, le miel est différent, ça dépend de la température, de la météo, des fleurs. Il faut être très réactif, quand c’est le moment de récolter, on travaille non-stop, 7/7 jours, les week-ends et les jours fériés. Du moment où on essaie de faire une sélection de fleurs pour n’avoir qu’un seul nom de fleur sur le pot, il faut être rapide.

Quels sont les avantages et inconvénients de votre métier ?

L’avantage, c’est vraiment d’être au contact de la nature. Quand on a besoin de faire de la transhumance, c’est-à-dire de bouger les ruches d’un endroit à un autre, on y va tôt le matin ou même en fin de nuit. Cela permet de voir d’autres animaux des bois comme les chevreuils, les sangliers, les cerfs donc on est vraiment au contact avec la nature, le chant des oiseaux quand l’aube se lève et ainsi de suite. On est tout seul, seul avec la nature et avec soit même donc comme je disais tout à l’heure ça déstresse et on utilise toute la journée que ça soit la fin de la nuit jusqu’à tard le soir en fonction de ce qu’il y a à faire, on passe la journée dehors.

Et l’inconvénient, c’est qu’il faut être solide, parce que c’est beaucoup dans les bras, beaucoup de portage de poids surtout que lorsqu’on est dans les bois on ne peut pas non plus se garer à proximité, donc il y a pas mal d’aller-retour. L’autre inconvénient, c’est que le métier d’apiculteur, pour s’installer, pour vraiment en vivre, il faut avoir au minimum 250, voir 400 ou 1000 ruches, mais à ce stade ce n’est plus du tout la même chose. Ce sont beaucoup de récoltes pour vraiment en vendre en grosse quantité.

Qu’est-ce qui vous différencie ? Qu’est-ce qui fait la qualité de vos produits ?

Je pense que c’est par rapport à l’approche que j’ai de la nature. En fait, j’essaie de remettre cette nature dans mes pots de miel. Je ne vais pas dire que je ne suis pas là pour faire de l’argent parce que bon, j’ai besoin de vivre, mais je ne suis pas là pour faire du lobbying du miel. Je vends à l’Office de Tourisme de Lorris, Châtillon et Bellegarde, je fais de la vente sur place à la maison, mais je vends aussi sur la région parisienne. Et ce que je souhaite justement, c’est d’apporter aux personnes des grandes villes, des produits de qualité autres que ce qu’ils retrouvent dans les grandes surfaces ou le miel ne vient pas forcément de France et est très souvent coupé avec du sucre et d’autres produits. Le miel chez les producteurs ne coûte pas forcément plus cher au kilo que ce qu’on retrouve en grande surface et c’est de meilleure qualité.

J’essaie donc de faire de la pédagogie autour de mes pots de miel, de leur faire goûter et comprendre pourquoi il y a différentes récoltes, pourquoi les robes des miels sont différents pourquoi les textures sont différentes, etc.

Avez-vous des conseils à donner aux personnes qui hésitent à se lancer dans le métier ?

Le conseil, c’est vraiment d’aller voir d’autres Apiculteurs, d’aller voir comment on travaille. Parce que de se dire tiens, je vais mettre une ruche au fond de mon jardin, c’est bien parce qu’en même temps ça les protègent. Mais il y a quand même des choses à savoir, il faut faire très attention… Surtout faire attention aux allergies aux alentours. Le mieux c’est de rencontrer des apiculteurs des petits aux plus grands pour se rendre compte du travail que ça donne.

Un mot pour conclure votre expérience ? Un message ?

Je ne regrette pas, même si c’est difficile et que tout n’est pas toujours rose tous les jours, je suis contente de faire ce que j’ai envie de faire et je suis libre, c’est surtout ça, libre de faire mes propres choix même si parfois ce ne sont pas forcément les bons. Je suis au contact de la nature et je suis mon propre chef et ça, c’est la liberté avec un grand L.

Et le message que j’aurais : avec le changement et tout ce qui se passe, les personnes qui veulent vraiment retrouver le goût des choses, faites confiance aux producteurs, venez chez nous, nous acheter nos productions parce que c’est grâce à vous aussi que l’on vit et on va dire arrêtez de donner votre argent dans les grandes surfaces qui sont en train malheureusement de tuer les petits producteurs.


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