Le 28 mai 2021

L’écluse numéro 26 à Montbouy se dote de nouveaux habitants ! Laurent et Hélène, deux passionnés de littérature, ont choisi de faire revivre cette maison éclusière en y créant une prodigieuse auberge littéraire. Ils nous partagent dans cet entretien leur parcours et leurs projets pour faire de ce lieu une “halte conviviale” et “une petite bulle pour les gens qui veulent venir se poser”.

 

librairie, Laurent et Hélène CRUEL

Pouvez-vous vous présenter ?

L : Je m’appelle Laurent, je suis issu du milieu du théâtre. Je travaille sur une péniche-théâtre depuis une quinzaine d’années, en région parisienne. Je suis très attiré par l’eau et quand on a vu que les voies navigables proposaient, un appel à projets pour reprendre des maisons éclusières, on a tout de suite sauté sur l’occasion, car c’est un patrimoine très intéressant et très joli. Donc, voilà, on a répondu à l’appel d’offres.

H : Je m’appelle Hélène de mon côté j’ai une formation d’architecte d’intérieur. J’ai une double formation puisque j’ai également fait des études de lettres modernes, donc j’essaie d’associer vraiment les deux et c’est ce qui explique à la fois ma passion pour les livres et ma passion pour le design.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre parcours professionnel ?

L : Nous, on a commencé dans une compagnie de théâtre, on s’est rencontré avec Hélène à un stage de Clown.

H :  Dans un frigo  ! 😄

L : Oui, c’était dans un frigo ! Dans les anciens frigos de la SNCF à Paris, ils organisaient des ateliers d’artistes, on s’est rencontré dans un stage là-bas. Tout de suite, on a monté notre compagnie de théâtre et on a fait des spectacles pendant cinq à six ans. On est allé un peu partout en France, notamment au festival d’Avignon. Puis, on s’est dit à un moment qu’on voulait notre lieu à nous, pour pouvoir diffuser nos spectacles et travailler plus sereinement …Donc on a acheté une péniche sur un coup de tête. Une péniche de transport qu’on a transformée en théâtre.

H : C’est là que j’ai pu mettre à profit justement mon travail d’architecte d’intérieur.

L : On a ouvert à Conflans-Sainte-Honorine en 2008, sachant qu’on avait créé notre compagnie en 1992. Depuis l’ouverture de notre péniche-théâtre, on fait et on accueille des spectacles, on anime les quais de la Seine. On est très attaché à la voie d’eau, on a navigué avec la péniche. On adore passer les écluses…

H :Ça ce n’est pas vrai !

L : Non, on adore, mais une fois qu’on les a passées… 😅

H : Je suis là pour rétablir la vérité.

L : Voilà tout ce qui est au bord de l’eau nous attire. Ça fait quelques mois qu’on a commencé à faire un travail d’édition sur notre péniche. On a créé notre propre ligne de livres, de carnets qu’on vend à notre public. On avait envie d’aller plus loin, de créer une librairie, de créer une vraie maison d’édition.

H : On a créé notamment à Conflans un salon du livre avec des écrivains locaux.

L : On compte le faire ici aussi. C’est un bon moyen de créer de la rencontre entres les écrivains.

Quel est votre projet ici ? Qu’est-ce que vous proposez ou proposerez ?

L : Ce qu’on aime proposer, ce sont des choses qui nous ressemblent. Par exemple sur notre péniche-théâtre, on proposait des spectacles qui nous séduisaient et pas forcément des spectacles qui avaient la meilleure cote ou qui étaient sûrs d’avoir du succès. C’était des spectacles qu’on avait envie de défendre, montrer et partager et on a envie de refaire ce genre de projet ici. C’est-à-dire de proposer des produits, des livres, un accueil et des rencontres qui nous ressemblent. On veut faire une halte conviviale, que cela fasse une petite bulle pour les gens qui s’arrêtent à vélo, en bateau ou pour les gens du coin qui veulent venir se poser.

Il y aura également des ateliers, c’est bien cela ?

L : Oui, j’anime depuis quelques années des ateliers d’écriture créative. Je pense essayer de développer ça, d’accueillir des gens qui seraient intéressés par l’écriture. Je pense qu’on va essayer de travailler sur des concours de nouvelles, pourquoi pas y participer tous, sans qu’il y ait de concurrence entre nous, juste en se motivant mutuellement et en se donnant des retours.

H : De mon côté, je pense proposer des ateliers d’illustration, de dessin et d’origami, qui seront a priori plus tournés vers les enfants entre 7 et 13 ans.  J’en proposerai sûrement pour les adultes aussi, mais je vais d’abord commencer par des ateliers pour les enfants parce que j’ai un peu plus l’habitude. Pour les illustrations, on pourra partir par exemple de textes qu’a pu écrire Laurent et voir avec eux comment on illustre un petit texte, de quelle façon, on va imaginer un personnage. Et en origami l’idée sera vraiment de se faire plaisir, de prendre des thèmes variés, de faire des animaux, des petits cœurs pour la fête des mères par exemple.

Vous écrivez également des livres ?

L : Oui, effectivement. C’est un travail qu’on fait tous les deux. J’écris pas mal de nouvelles, des romans, des pièces de théâtre et certains de mes textes ont été illustrés par Hélène et nous les avons édités nous-mêmes.

H : Nous avons des livres un peu humoristiques et absurdes, parfois aussi poétiques.

L : On a par exemple les aventures de notre chat Bérénice, qui était un chat de bateau et qui va maintenant être un chat de maison éclusière. On a deux tomes dans cette série et il y aura un troisième tome sur Bérénice, le chat de maison éclusière. On a un livre qui raconte aussi toute notre aventure théâtrale sur la péniche.

H : On ne sait pas encore comment cela va être mis en place, mais on a envie également de faire ici un roman participatif qui s’appellera le roman de l’écluse. Laurent écrira sûrement un premier chapitre, les gens qui s’arrêteront ici pourront le continuer au fur et à mesure. Ça pourra être une phrase ou un paragraphe. De temps à autre, on recalera l’histoire pour qu’il y ait une cohérence, mais on va voir jusqu’où on peut aller et ce que ça va donner.

L : Et à la fin de la saison l’éditer, envoyer un exemplaire à tous ceux qui auront participé et le mettre à disposition ici.

Pourquoi avoir choisi cet endroit ?

L : On a répondu à un projet des voies navigables qui mettaient à disposition des maisons éclusières sur le canal de Briare. On ne connaissait pas du tout la région.

H : Mais le canal de Briare, cela sonne bien ça fait rêver.

L : On avait vu des photos et des mariniers nous conseillaient souvent la navigation sur ce canal, donc on s’est dit que cela pourrait être sympa. On a fait une manifestation d’intérêt et donc on nous a envoyé des propositions de maisons vacantes. On ne voulait pas trop de travaux pour démarrer assez rapidement, on a pris rendez-vous pour visiter et on est tombé sous le charme et de la maison, de l’emplacement et de la ville de Montbouy.

Quel genre de livres peut-on trouver dans votre librairie ? Comment faites-vous la sélection ?

H : On est essentiellement axé sur le roman, c’est vraiment le genre qui nous correspond le plus. On propose tout type de romans, policiers, de société, humoristique et un petit peu de livres jeunesse. Pour ce dernier, on commence doucement, on a repéré quelques maisons d’édition qui font des livres sympas.

L : Et les auteurs sont aussi bien français qu’étrangers. On est très éclectique de ce côté-là. Les romans qu’on propose, ce sont beaucoup des coups de cœur, on avait envie aussi de déterrer des petits bijoux qui nous ont marqués et qui sont peu connus.

H : On a par exemple le roman de Magnus Mills « retenir les bêtes » qui est tellement drôle. On a fait un mur spécial « bricoleurs » avec des œuvres sur ce thème et il y a notamment un roman qui s’appelle « Chantier, j’écris ton nom » de Laurent Laurent, on l’a lu en pleins travaux de notre péniche on s’est retrouvé dedans. C’est le pauvre gars pas bricoleur qui se met à retaper un appartement et il finit par se transformer en cochon, c’est-à-dire qui ne se lave plus, il mange au bistrot du coin, il est sale de la tête au pied et à cette époque, on avait vraiment l’impression d’être comme ça (rires).

L : On s’est beaucoup inspiré de la librairie qu’il y a à l’ancienne usine Lu à Nantes. À chaque fois où l’on s’y rend, on y trouve des livres qu’on ne peut trouver nulle part ailleurs et c’est un peu ce qu’on veut recréer ici.

Des dates à communiquer pour le moment (ouverture, atelier etc.) ?

L : On attend les gens maintenant ! Venez nous rencontrer, pas forcément acheter quelque chose, mais discuter avec nous, qu’on vous présente le projet. Pour l’instant, nous n’avons pas encore décidé des horaires d’ouverture, on est là sur place, la journée, on bricole encore un peu, on va parfois faire des achats, mais on est là les week-ends, c’est sûr.

H : C’est vrai que pour l’instant du jeudi au dimanche on est disponible 24/24.

L : Ils peuvent sonner dans la nuit s’ils veulent ! 😀

H : Non pas la nuit ! De toute façon, il y a encore le couvre-feu ! (rires). Non voilà pas dans la nuit, mais je pense qu’à partir de juillet/août on sera ouvert toute la semaine.

L : On va mettre nos horaires sur internet au fur à mesure, on mettra à jour nos horaires pour que les gens ne se cassent pas le nez non plus.

H : Je pense commencer les ateliers d’illustration au mois de juin et ça sera certainement le mercredi et le samedi matin à un rythme régulier, toutes les semaines. En revanche, ça sera vraiment des petits groupes de cinq à six enfants pour pouvoir prendre le temps et suivre ce sera mieux.