Le 2 juillet 2021

Denis Godeau, président de la Maison des Loisirs et de la Culture et responsable du projet de la Belle Grignon, nous présente dans cet entretien, la Belle de Grignon, les activités et évènements à venir sur le port de Grignon ainsi que les futurs projets !

Pouvez-vous vous présenter, et présenter la Belle de Grignon ?

Denis Godeau, je suis président de la Maison des Loisirs et de la Culture et je suis responsable depuis plus de 12 ans maintenant du chantier et du projet de la Belle de Grignon.

Ce projet, nous l’avons engagé en 2007 à la suite d’un grand évènement qui avait pour objectif de mettre en valeur et de refaire connaître notre joli petit port de Grignon, situé sur le canal d’Orléans, sur la commune de Vieilles-Maisons-sur-Joudry. C’est à l’issue de cette fête en 2007, après avoir fait venir des bateaux de Loire, des mariniers de Loire et des gens du village que nous avons eu l’idée de construire une péniche. Une péniche qui deviendra comme vous le savez le symbole du canton et de cette reconstruction et mise en valeur du canal d’Orléans.

Pourquoi spécifiquement cette péniche, cette flûte berrichonne ?

Dans ce port de Grignon, il venait énormément de péniches dans les années 1800 à 1850. Ce canal a été ouvert en 1678 à la navigation et il a été fermé en 1954. Pendant cette période, passaient environ 3 000 péniches sur le port de Grignon, des péniches, qui venaient charger et décharger des matériaux qui étaient emmenés d’Orléans à Paris. Le port de Grignon était très vivant. C’était une cité batelière, dans laquelle on retrouvait bon nombre de commerces, de cafés, d’ateliers de menuiserie, de sabotiers, de coiffeurs, etc. Sur ce canal, nous avons vu passer tout type de bateaux, mais la flûte berrichonne (qui à l’origine venait du canal de Berry) était vraiment le bateau typique du canal d’Orléans.  Ces bateaux venaient du canal du Berry, partaient vers Montargis ou Orléans et ils passaient par Grignon pour recharger des matériaux. C’est devenu l’image de ce port de Grignon. L’image de ce canal d’Orléans que l’on a découvert sur bon nombre de documents. La plupart des livres historiques et cartes postales montrent toujours ces flûtes berrichonnes donc il était logique de faire ressortir du passé ce bateau. Voilà un petit peu la raison de notre choix et ça s’est avéré un très bon choix.

Quels étaient les objectifs ?

L’objectif principal était d’animer le port de Grignon, de faire revivre notre petit village et de créer une dynamique touristique dans notre territoire. Le canal d’Orléans comme d’autres canaux a beaucoup de potentiel touristique. Notre volonté a toujours été de rattacher ce projet à un développement économique et touristique. Le bateau a été en quelque sorte le fer de lance pour dynamiser ce territoire. Désormais le site de Grignon est vivant et va continuer à le devenir car il y a beaucoup de projets d’aménagement tout autour, dont le projet « au fil de l’eau » où dans ce cadre, le département va aménager avec la commune et la communauté de communes, le site de Grignon avec des aires de pique-nique, des promenades à vélo etc. La commune a également investi dans l’ancienne auberge du port de Grignon et il y a un très beau projet avec une dynamique commerciale de vente de produits locaux et d’animations avec les jardins de la voie romaine.

Quelles sont les activités proposées aux visiteurs sur ce site ?

 Il y a beaucoup d’activités, puisque la Belle de Grignon qui a été mise à l’eau les 8 et 9 septembre 2018 a permis de mettre en place une dynamique de promenade. Autour de cette péniche, nous avons développé les quais d’embarquement. Nous avons créé un espace pédagogique dans lequel les visiteurs peuvent venir découvrir la Belle de Grignon à quai et comprendre comment les mariniers de l’époque vivaient. Il y a aussi la possibilité de découvrir sur un grand écran installé à quai, l’histoire et le film de la construction. Et nous avons investi récemment dans de petits bateaux électriques pour faire des promenades sur les biefs du canal qui vont être restaurés petit à petit par le département. Ces petites promenades permettent aux visiteurs de découvrir au fil de l’eau sans bruit, ce patrimoine ainsi que la nature et la flore du site. Tout ça est très complémentaire pour créer une dynamique touristique. Nous avons aussi des promenades en péniche de temps à autre. Ça se développe tout doucement, car la péniche fonctionne par halage. Le halage est le moyen de locomotion. Il n’y a pas de moteur sur une péniche ancienne. La péniche est tirée avec une grande corde qui s’appelle le Verdon, et ce sont des haleurs de l’association qui la tirent. On peut emmener jusqu’à 12 personnes sur le bief de Choiseau, la promenade dure une heure et puis on fait une éclusée, on découvre comment se passaient une éclusée et le halage. On ne le fait pas tous les jours car c’est difficile…

Il faut combien de personnes pour manœuvrer la péniche ?

Il faut 5 personnes, là où il en fallait une dans le temps, parce qu’il y a beaucoup d’aspects de sécurité à prendre en compte. Le canal n’est pas encore complètement restauré donc il faut beaucoup de précaution ce qui nous contraint également à ne pas mettre beaucoup de personnes, mais c’est une balade qui est très agréable et qui intéresse beaucoup les visiteurs.

Des évènements pour cet été ?

Un assez grand évènement arrive pour les 10 et 11 juillet, les « Escapades au port de Grignon ». Nous avons répondu à un appel à projet, lancé par le département pour les animations dans le cadre du “Loiret au fil de l’eau”, et notre projet a été retenu. Cette fête va nous permettre après pratiquement 1 an et demi d’inaction de créer une dynamique dans le port de Grignon. Donc le 10 et le 11, nous allons rassembler les mariniers de Loire et les associations de la Loire et du canal, il y aura peut-être une dizaine de bateaux. Les personnes qui viendront à cette fête pourront faire du bateau sur l’étang de Grignon et sur le bief. Nous aurons l’occasion de faire du halage avec la péniche dans le bief de Choiseau, du halage qui sera à col d’homme avec les mariniers, mais aussi pour la première du halage avec un âne noir du Berry ! Cela va vraiment être formidable, car cette péniche était justement tirée au départ avec des ânes noirs du Berry qui sont de petits ânes très robustes. On a fait des essais il y a deux semaines et c’est vraiment génial on avance à une vitesse incroyable, ce sera comme à l’époque et je pense très intéressant à faire. Il y aura de la musique avec un concert le samedi soir, et également une conférence et des expositions artistiques. Nous aurons aussi des navettes en bateau électrique. Les visiteurs pourront découvrir un village fluvestre géré par « Vallée Gâtinaise » où il y aura de l’initiation au paddle, du paddle yoga et du canoë. Ces activités seront bien entendues encadrées par un moniteur. Dans ce village, il y aura la possibilité de se relaxer avec des jeux en bois, un terrain de pétanque et puis sur le samedi, dimanche des petits circuits de randonnées pédestres (organisées par l’association locale) et à vélo (organisées par le vélo club de Lorris et Vélo Mielo qui fait de la location de vélos) seront proposés autour du site pour pouvoir le découvrir. Le clou du spectacle sera le samedi soir puisque l’on va mettre notre port en lumière. Nous allons créer avec la société Star Lumière, une féerie lumineuse d’environ une demi-heure avec des projecteurs qui seront disposés sur tous les points historiques du site.

Avez-vous d’autres projets pour la suite ?

Des projets on n’en manque pas ! 😊

On se rend compte que notre projet touristique a créé la dynamique nécessaire, des professionnels vont s’installer, on est référencé dans les guides touristiques, ce travail est fait, mais maintenant, il faut l’entretenir. Un projet comme Grignon beaucoup ont vu la construction et beaucoup ne l’ont pas vue aussi. En effet, on se rend compte que les ¾ des gens qui viennent de nos jours à Grignon n’ont pas vu la construction.

Nous avons donc envie de faire revivre la construction d’un bateau et aller plus loin dans l’histoire en engageant la construction d’un bateau que les gens n’ont pas connue. Notre péniche était vue et connue par nos grands-parents, mais là, on va se plonger dans le 18e siècle et dans l’histoire du canal d’Orléans pour découvrir la construction d’un bateau emblématique qui avait été lancée par le frère de Louis XIV, le duc d’Orléans qui est à l’origine de ce canal et qui administrait avec la compagnie des seigneurs. Il avait fait construire des coches d’eau qui emmenaient des voyageurs de Paris à Montargis et de Montargis à Briare ou Orléans en passant par la Loire éventuellement. C’étaient des bateaux extraordinaires, ils sont plus anciens que les péniches. Ils ont navigué de 1750 à 1850. Ils emmenaient des voyageurs. C’étaient des taxis sur l’eau. Ils avaient des cabines, bien sûr tout cela était réservé à une certaine élite. Le voyage durait plusieurs jours voire plusieurs semaines.

La présentation que l’on va faire les 10 et 11 juillet lors de la conférence va être la première démarche, pour ce projet de nouvelle construction de coches d’eau. Nous allons essayer de construire ce bateau du 18e en suivant des méthodes similaires à celles de la péniche et la particularité, c’est qu’il aura une voile pour remonter la Loire quand on aura, j’espère l’occasion. Notre souhait si on y arrive et avec l’aide des collectivités serait de faire ce triangle d’eau avec notre coche d’eau voire la péniche si on arrive à passer partout. Et l’avantage du coche d’eau, c’est qu’on pourra descendre la Loire et la remonter avec cette grande voile, par vent remontant. Ce serait un projet très complémentaire et historique à ce que nous avons déjà fait. Et nous sommes sûrs à nouveau de retoucher un public très important qui n’a pas vu la construction de la Belle de Grignon, mais qui souhaite voir la construction d’un beau bateau.

Le deuxième projet serait de mettre en place une menuiserie associative, ce ne sera pas une scierie, mais une petite menuiserie que l’on va équiper avec des machines et encadrer par peut-être des anciens menuisiers et charpentiers qui ont participé à la construction de la Belle de Grignon. Cela pourrait permettre à des jeunes non pas de construire le bateau, mais de découvrir le travail du bois. C’est ce qui nous a beaucoup manqué dans le projet de la Belle de Grignon, c’est de faire découvrir le travail du bois et de transmettre le savoir-faire. Dans la mesure du possible, on pourrait donner l’opportunité à ceux qui le souhaitent de faire leur propre petit bateau. Le but serait de peut-être attirer un public différent et de travailler avec des écoles. Donc voilà ce que pourrait devenir Grignon dans le futur…

On est dans une dynamique et un jour, il y aura des relais à passer, il ne faut pas que ça s’arrête, on souhaite que Grignon retrouve son activité d’antan.