Le 2 février 2022

Sébastien LIS et Mathieu DESBOURDES sont les co-fondateurs du Festival Label Valette. Ils vont nous raconter leur passion pour l’art urbain et comment ce projet de festival a vu le jour.

 Mathieu Desbourdes : « Le festival met en lumière tout le travail qui a été fait pendant l’année. »

Pouvez-vous vous présenter ?

Sébastien : Sébastien, Mathieu on est amis d’enfance depuis 14 ans. Mathieu est du gâtinais nord, il vient de Fontainebleau et moi je suis du gâtinais sud, je suis né à Montargis.

D’où vient le nom Label Valette?

Sébastien : Le Nom Label Valette est une longue histoire. Ça vient du tout premier projet qu’on a monté à Vitry-Sur-Seine : La belle Vitry’n. On aimait bien les acronymes LBV.Quand nous sommes venus sur Pressigny-les-Pins et qu’on a découvert le site, on s’est dit que ça pouvait être sympa de regrouper plusieurs mouvances artistiques telles que la peinture, la danse, la musique et de regrouper ça sous un Label. Et Valette : car c’est le nom du site.

Pourquoi avoir choisi ce lieu atypique ?

Mathieu : Nous connaissons le lieu depuis longtemps avec Sébastien. Ce château a été à l’abandon pendant 30 ans à la fin des années 80 jusqu’au rachat actuel du propriétaire. C’est un lieu qu’on a découvert à l’âge de 18 ans quand nous cherchions des spots de ce que l’on appelle urbex, des lieux abandonnés un peu atypique. On s’amusait à se faire peur dans ce château à l’époque. Il y a 6 ans maintenant, Sébastien est repassé devant le domaine. Il a vu que c’était racheté. Il a pris contact avec le propriétaire pour lui proposer l’idée du projet.

Comment est venue cette idée de street-art ?

Sébastien : Elle est venue du projet de Vitry-sur-Seine. J’ai proposé à Mathieu de faire un festival là-bas notamment de street-art car il y a pleins de murs disponibles. On trouvait cela intéressant de jouer sur le paradoxe d’amener une culture de la ville, le graffiti, le street-art dans un territoire aussi rural et isolé que Pressigny-les-Pins. Ça pouvait apporter une vraie plus-value notamment atypique et de curiosité dans cette région qui était à la base totalement absente de culture urbaine. C’est comme ça qu’est venue l’idée. C’est une nouvelle manière de valoriser le site. Avec Mathieu, on s’était posé la question : Comment valoriser le patrimoine local qui n’est pas un patrimoine historique protégé comme le château et de lui donner une nouvelle fonction ? C’est-à-dire qu’avant, il avait une fonction d’habitation puis après une fonction scolaire parce qu’il a accueilli une école espagnole bien avant que l’on soit présent et l’idée est de désacraliser le côté patrimonial du site en proposant quelque chose qui soit totalement en rupture avec ça. 

Pourquoi avez-vous eu envie de créer un festival ?

Mathieu : Le festival met en lumière tout le travail qui a été fait pendant l’année. On joue sur des leviers telle que la musique car ça rameute beaucoup de monde. Le festival est un vecteur pour faire connaître l’art urbain et célébrer la fin des résidences. C’est le seul moment où l’on met des moyens pour valoriser les fresques sous un autre jour, voir le site la nuit éclairée, ça amène quelque chose de magique. Les gens aiment découvrir le site de cette manière-là.

Comment se déroule votre festival ?

Mathieu : C’est toujours à la même date, le dernier week-end d’août chaque année. Les gens achètent leur billet. Une fois qu’ils sont à l’intérieur du site, tout est gratuit sauf la restauration et les boissons. Ils y trouvent plusieurs activités ludiques, participatives et démonstratives. Le premier aspect est de contempler toutes les fresques qui ont été faites. Y’a des live painting. C’est toujours sympa pour le public de pouvoir observer comment on crée une œuvre. Il y a des ateliers d’initiation pour les petits et les grands au street-art et au graffiti. On a de la danse. On propose des conférences. Le village gâtinais est présent. C’est un village d’artisans qui met en avant leur savoir-faire. En 2021, on avait 40 exposants, ça donne une vitrine sympa du territoire. On a deux scènes. On a une scène principale avec des grosses têtes d’affiches qui viennent se produire et on a une scène qui est pilotée par des gars de l’équipe plus électro, une scène nichée en forêt au pied d’une chapelle. C’est assez mystique. On a le contexte graffiti qui plait beaucoup.

Ça peut être convivial pour des familles, un truc excitant pour des plus jeunes ou des plus vieux. Y’a ces 2 aspects : le côté calme, contemplatif, découverte et le côté festif.

Cela prend combien de temps pour préparer un festival ?

Mathieu : 1 an. Quand on finit le festival fin août, on s’y remet au mois de novembre. La spécificité du projet : tous les ans l’identité graphique du festival change. On définit une thématique chaque année, on sélectionne les artistes musicaux. On réfléchit à des nouveautés pour l’année suivante pour que les gens puissent toujours être étonnés. L’objectif pour le public c’est que quand il arrive sur le site, il ne s’attend pas à revoir la même chose que l’année précédente. On change les entrées, les sorties, on se prend la tête pour deux jours de festivités. C’est un plaisir qu’on partage avec l’équipe.

Combien de bénévoles font partis de l’association ?

Sébastien : L’association compte 30 adhérents. Elle est pilotée par une bande d’amis qui ont chacun un rôle prédéfini. L’année dernière, il y avait 150 bénévoles lors du festival. Petit à petit le festival augmente et les besoins aussi. Nous sommes toujours à la recherche de bénévoles.

Comment choisissez-vous les artistes ?

Sébastien : On essaye de trouver des profils artistiques qui sont différents d’année en année comme des personnes avec des nationalités qu’on n’a pas l’habitude de voir. C’est assez compliqué car ça coûte cher. On leur propose le projet. Si le feeling passe, ils viennent en résidences. En moyenne, les résidences durent entre une et deux semaines, ça dépend de la taille. Et pour le château, on présente différents profils au staff et s’il aime la personne, on retient l’artiste. De plus, nous cherchons des personnalités sur internet ou sur les réseaux sociaux et on reçoit des books d’artistes.

Que conseillerez-vous aux visiteurs ?

Mathieu : De venir au festival, il y a encore quelques craintifs qui n’osent pas venir avec leur enfant car ils se disent festival art urbain, ça va être un truc trop festif pour ma famille. La journée on n’a que des familles donc c’est vraiment une ambiance posée. Il y a une multitude d’activités proposées sur place. Le public est très diversifié : On a aussi bien des nourrissons qui n’ont pas choisi de venir que des gens d’un âge certain. On conseille aux visiteurs intéressés par l’art mural, de venir aux visites guidées. L’association qui a une antenne Art en Gâtinais propose des visites guidées et commentées du château, du projet et des œuvres réalisées.

Un dernier mot pour la fin ?

Sébastien : Rendez-vous le 26 et le 27 août !

Mathieu : Venez Nombreux !

Merci beaucoup pour cette interview !