Le 16 mars 2022

Marie-Pierre LE MEN est responsable du musée de la Résistance et de la Déportation. Elle nous raconte son expérience au sein de ce lieu et nous parle des événements à venir.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Marie-Pierre Le Men, la responsable du musée de la Résistance et de la Déportation depuis 2009 et je suis dans la collectivité département du Loiret depuis 1994.

Pouvez-vous nous présenter votre musée ?

Le musée de la Résistance et la Déportation de Lorris a ouvert ses portes le 18 juin 1988. Il a été créé à l’initiative d’anciens résistants, de déportés, d’associations qui voulaient conserver ce patrimoine mémoriel que fut la résistance dans le Loiret et plus particulièrement la résistance dans les environs de Lorris. En 1944, il y a eu un très grand maquis en forêt avec le très célèbre carrefour de la Résistance.

Quelles sont les animations proposées aux visiteurs sur ce site ?

Les manifestations au cours de l’année changent tous les ans. En revanche, on a des événements incontournables. Chaque année, se déroule la journée « Souvenirs des Déportés » qui se fait le troisième week-end d’avril. C’est l’occasion de commémorer sur l’ensemble de la France. Au musée, il y a un mémorial qui se situe dans le jardin. Lors de la création du musée, l’association avait déjà mis des plaques sur ce mémorial pour pouvoir mettre en avant les résistants qui avaient été tués au combat. Depuis plusieurs années, nous proposons aux familles de déportés de financer une plaque et nous organisons une cérémonie pour rendre hommage à la personne concernée, cela permet de tisser des liens avec la famille. L’après-midi, on organise une conférence pour expliquer au grand public, le parcours de cette personne.

Quels sont les événements à venir pour 2022 ?

Le vendredi 22 avril aura lieu la journée « Souvenirs des Déportés ». Nous rendrons hommage à Louis Sanson qui a été déporté à Mauthausen. La famille sera présente toute la journée pour faire une conférence sur le parcours de cette personne. Tout au long de l’année, nous organisons des conférences. Au mois de février, nous avons organisé une conférence animée par Dany Percheron, une professeure d’allemand à la retraite. Elle a raconté le parcours d’Etienne Jacheet, résistant et directeur de la sucrerie de Pithiviers. Il y aura une exposition d’été sur les femmes dans la Résistance empruntée au musée de la Résistance Nationale de Champigny-sur-Marne. Ça sera pour nous l’occasion d’avoir des panneaux et de sortir des objets de notre collection et faire des fiches de salles complémentaires. La Résistance peut se résumer à une résistance armée où les femmes sont parfois mises dans l’ombre. Dans le Loiret, on a plein d’exemples de femmes qui ont travaillé pour des fausses cartes d’identités, pour de l’hébergement et sont venues en aide aux réfractaires OSTO.

Cette exposition permet de resituer la Résistance avec des éléments du Loiret.

Pouvez-vous nous parler d’un événement qui vous a marqué ?

Il y a plusieurs événements qui ponctuent nos années. Le contact humain et les relations que l’on peut avoir avec certaines familles sont forts pour nous. On peut rencontrer des familles qui ne savaient même pas le parcours de leur parent. Je prends l’exemple d’une personne qui cherchait des informations sur sa mère Madame Pelloie. Il y a plusieurs années, elle avait remis au musée, un journal intime où elle racontait les actions qu’elle avait fait pendant la Résistance. Notre musée lui a apporté les informations qu’il recherchait sur le parcours de sa mère.

Chaque année, lorsqu’on rend hommage lors de la journée « Souvenirs des Déportés », c’est l’occasion de rencontrer des familles qui vont nous apporter des informations sur le parcours d’une personne. L’histoire d’une personne n’est pas seulement une histoire familiale mais va devenir Histoire au service de la grande Histoire par la connaissance des parcours des uns et des autres. Le fonds de commerce d’un musée tel que le nôtre est le travail de recherche et de mémoire. Il y a les expositions, les objets présentés mais il y a aussi tout ce travail en amont et la rédaction de fiches biographiques de résistants. C’est un travail de fourmis pour pouvoir retrouver des membres de la famille. Parfois des gens vont vider la maison de leurs grands-parents, vont retrouver des photos, des objets et pour nous ça va être le déclanchement de recherche et d’aide à la recherche des familles pour mieux comprendre le parcours de leur père, de leur mère. La force de ce musée est l’humain. Ça nous apporte beaucoup pour la suite de la connaissance pour maintenant et plus tard et pour les familles, c’est le moment d’éclaircir des points qu’ils ne connaissaient pas dans le parcours de leur proche.

Un dernier mot pour la fin ? 

Au fil des années, nous accueillons encore de nombreux primo visiteurs. Certaines personnes des alentours n’ont pas connaissance de ce musée. Les gens pensent que c’est un petit musée et qu’ils vont y passer peu de temps. Lorsqu’ils ressortent, ils sont surpris d’avoir vu et appris autant de choses. Le taux de satisfaction est très important et ça nous rassure. On a une dynamique de visites qui fait qu’on a un musée très attrayant d’autant plus que depuis quelques années, nous avons développé un jeu sur tablette : « Mission résister ». Notre but est de cibler les familles avec des jeunes enfants qu’on n’a pas l’habitude de voir. Cette application permet d’avoir un parcours de visite numérique du musée et de répondre à des questions sur des connaissances personnelles. Ils vont avoir des personnages en bulles et à la fin comprennent que ce sont des personnes qui ont réellement existé. On essaye toujours de lier l’outil numérique à l’humain. La Seconde Guerre Mondiale est relativement proche sur l’échelle de l’histoire. A la fin de la visite, certaines personnes viennent nous raconter des histoires de leurs proches. Cette application porte à réflexion et à la discussion.

Si on veut vous retrouver sur les réseaux sociaux ?

Depuis quelques années, nous avons ouvert notre propre compte Facebook. Cela nous permet de faire des publications permettant d’apprendre en quelques lignes les parcours de vie d’un résistant déporté. Cette page nous permet de tisser du lien avec les familles.

Merci pour cette interview !